Alsace et Vieilles Anglaises

Neige et glace 2010

NEIGE ET GLACE
7
au 10 FÉVRIER 20
10

Un peu par hasard, me voilà embarqué dans le Neige et Glace 2010, comme navigateur de Patrick Malherbe qui en est à sa cinquième participation. En ce qui me concerne, c’est une première en « régul pure » et en « hivernale ». Cela m’inquiète un peu.

Dimanche 7 février, nous quittons Bruxelles vers 5h00 du matin, avec la 911 1968 châssis court de Patrick sur remorque derrière ma voiture, et arrivons dans les temps à Malbuisson (Doubs) pour les contrôles. La neige est bien présente en abondance. Au fur et à mesure que l’heure du prologue approche, mon stress augmente malgré les propos rassurants tant de Patrick que de Daniel Pigeolet (navigateur de J-J Martens sur une belle Volvo PV444 de 1957).

Vers 17h30, nous voilà avec le n° 32 dans la file de départ du prologue d’environ 6 kms, qui utilise le tracé d’une course de cote et d’une portion de piste de ski de fond. Au briefing on nous a informé qu’il comporte une succession de neige molle et de glace (et qui se révèlera le cas pour la totalité de ce rallye bien nommé). Les premiers partent, mais très vite, les départs sont interrompus. Nous apprenons que la piste est bloquée par des concurrents enneigés. Pas terrible pour calmer mon stress de débutant. Enfin, c’est notre tour. Concentration, … 5, 4, 3, 2 ,1, Top ! C’est parti. Patrick met toute la gomme dès les premiers mètres. Le 6 cylindres de la Porsche « Brussels Classic » rugit. Après 500 mètres et malgré deux épingles à cheveux, nous avons atteint la moyenne de 50Km/h. J’annonce les notes tout en surveillant la table de moyenne. Les virages s’enchainent en glissades contrôlées par des petits coups de gaz et au milieu d’une multitude de flash. A l’entrée de la piste de ski, on se déporte de la trajectoire pour éviter un concurrent planté. Nous perdons du temps mais heureusement ça passe. La piste de ski est bien bosselée. Difficile de lire les notes. Au fur et à mesure que la montée avance, nous recollons avec le temps idéal. Hélas, à 1 Km de l’arrivée nous rattrapons la voiture partie une minute avant nous et qui reste au milieu de la route. Patrick doit lever le pied et jusqu’à l’arrivée je vois le chrono à nouveau se décaler par rapport à notre progression : on reperd du temps !

Vers 21h00, les résultats sont annoncés. Surprise : nous sommes troisièmes, à 3’’ de Van Rompuy / Van de Vorst et à 2’’ de Pescarolo / Vialard.

Lundi, trois SR sont prévus le matin et trois autres l’après-midi. Ils font respectivement 30, 25, 29, 42, 15 et 12 Km avec de nombreux changements de moyenne parfois sur moins de 200 mètres. Comme les temps sont relevés électroniquement par des Tripy embarqués dans chaque voiture, il y a jusqu’à 8 prises de temps par SR. D’après les notes de l’ouvreur, l’état des routes varie entre neige et verglas pour les SR avec cependant du sec sur les liaisons.

J’espère ne pas faire trop de gaffes de débutant. Etonnement, la première gaffe viendra du premier au classement qui, à l’issue de la liaison vers le départ du premier SR (Secteur de Régularité), entre au CH avec 9 minutes d’avance. D’après le règlement, cela leur ferait 18 secondes de pénalité. Pourtant, on ne verra jamais ces pénalités dans leurs résultats. Sur ces longs SR, j’ai du mal à coordonner lecture de notes, le suivi des temps idéaux de passage et l’interprétation de ces temps. A deux ou trois reprises, j’annonce que nous sommes trop vite alors que c’est l’inverse. Ma première erreur conséquente viendra d’une annonce tardive d’un « quitter droit » dans une descente verglacée qui se traduit par un plantage dans un mur de neige et nous coûte 30 secondes. Une autre erreur du même genre dans l’avant dernier SR de la journée nous coûte encore quelques poignées de secondes. Malgré cela, nous terminons la première journée en septième place au général. Ouf ! les autres aussi font des erreurs.

Mardi matin, il neige et cela tombera quasi toute la journée. Outre les pièges du road book et de l’état de la route, nous aurons aussi quelques soucis de visibilité dans des bancs de brouillard. A part cela, le programme de la journée est fort similaire à celui de la veille : 324 Km au total dont +/- 140 Km de SR, trois le matin et trois autres l’après-midi + une épreuve nocturne en circuit sur glace. Presque tous se passent dans de la neige fraiche avec de la glace en dessous. La particularité de la journée tient au fait que les SR ont été ouverts au chasse neige ce qui d’une part permet le passage de nos voitures à garde au sol relativement faible, mais d’autre part, réduit la largeur des chemins à celle de la lame du chasse neige. Nous naviguons donc entre deux murs de neige sur une piste de 2,2 m de large. Cela interdit toute erreur de pilotage, car la route est bordée de blocs de glaces durs comme du béton, et tout dépassement d’un concurrent attardé. Heureusement pour nous, nous n’avons eu ni l’un ni l’autre. Autre conséquence, mais pour le navigateur : de nombreux repères du road book sont masqués par les murs de neige, et nous n’avons donc que le trip pour estimer notre progression et donc notre vitesse moyenne. Or dans ces conditions de terrain, même si le trip est correctement calibré, les données lues sont relativement imprécises. Patrick s’en sort admirablement bien, mais je fais quelques boulettes de « bleu » qui nous empêchent de gagner facilement quelques places. A l’issue de cette journée, nous terminons cinquièmes au général.

Au départ de la dernière journée, notre position dans le haut du classement me stresse énormément. Avant le départ, Daniel Pigeolet (qui a du abandonner pour cause mécanique) vient m’aider à retranscrire la dizaine de pages de correctifs du jour car depuis la veille, la neige n’a pas cessé de tomber, et certains tronçons sont impraticables.

Malgré la fatigue et la pression, la matinée se passe assez bien et nous progressons encore au classement. L’après-midi, il ne reste plus que deux SR relativement courts, d’une dizaine de Kms chacun. On se dit que nous devons assurer sans prendre de risque. Quelques Km après le départ de l’avant dernier SR, nous devons franchir une cote verglacée de 16%. Nous arrivons en avance au pied de la pente et donc la gravissons lentement pour garder la motricité. Presque au sommet de la côte, les pneus pourtant cloutés, perdent toute adhérence, ensuite, impossible de redémarrer. La voiture patine puis glisse en arrière et se plante dans la neige fraiche sur le bas coté. Nous sortons tous les deux et commençons à pelleter pour dégager la voiture. Cela nous prend 5 bonnes minutes avant de finalement repartir. Ce plantage en début de SR rapporte la « valoche » forfaitaire pour chacun des 5 intermédiaires. Cela nous fait terminer onzièmes de l’étape, et sixièmes au général à l’issue du rallye.

Conclusion : étant donné la difficulté de cette épreuve et le niveau des participants,(la plupart des meilleurs spécialistes européens de la discipline étaient présents), nous sommes très heureux de terminer à cette inattendue sixième place et surtout avec une voiture intacte , ce qui n’est pas le cas des 5 qui nous précèdent et de nombreux autres qui nous suivent. De l’avis de nombreux participants, dont certains ont des dizaines de rallyes à leur actif, celui-ci était le plus dur auquel ils ont participés. L’état des routes particulièrement piégeuses, car souvent couvertes de glace vive, et les temps assez serrés entres les nombreuses SR ne permettaient pas la moindre seconde de relâchement sur des routes ouvertes, mais où la circulation était heureusement faible.

NB : infos et classements sur : www.zaniroli.com                                            XAVIER DECONINK

Neige et Glace 2010, Xavier dans le baquet de droite avec Patrick Malherbe au volant